Handicap : « aucun poste n’est incompatible »

« Nul n’est inemployable », la formule de Jean-François Dufresne, ancien directeur général d’Andros qui a mené une démarche d’intégration de personnes autistes dans l’entreprise, résume bien la teneur des propos des deux tables rondes « Handicap et agriculture ». C’est en effet dans un état d’esprit positif et dynamique que les différents acteurs de ces deux tables rondes sont intervenus, l’une évoquant plus l’emploi et la seconde présentant d’autres solutions (associations, territoire, accessibilité, logement…). Pour Caroline Dekerle, directrice du programme Handicap à France Travail, « il faut expliquer qu’aucun poste n’est incompatible » soulignant d’ailleurs que 80% des handicaps sont invisibles. A France Travail et à l’Agefiph, on réfléchit plutôt en termes de compétences. Pour Christian Ploton, le président de l’Agefiph, ce sont encore les préjugés qu’il faut combattre puisqu’on arrive de plus en plus à repousser les limites techniques.

Des opportunités en agriculture

Et c’est bien le cas dans l’agriculture. Même si les métiers restent parfois difficiles et certains extrêmement physiques, et les préjugés tenaces, comme le souligne Cyril Chabanier, rappelant que 12 000 emplois ne sont pas pourvus chaque année dans ce secteur en tension, ces métiers représentent de réelles opportunités en étant de plus en plus soutenus par les nouvelles technologies : automatisation, IA, robots, exosquelette, numérique… Et de rappeler que les adaptations des postes pour des personnes en situation de handicap peuvent aussi apporter des avancées aux salariés et dans le cas de l’agriculture aux exploitants. Malvoyant, Thibaud Vermillard est vigneron. Dans ce métier où les capacités sensorielles sont importantes, il a fallu faire autrement et s’en donner les moyens. Et des solutions pour tous font jour : les étiquettes des bouteilles ont ainsi une mention en braille. Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, interpelle sur la nécessité de mener des politiques globales : « Il n’y a pas que l’emploi mais aussi le logement, le transport… Il faut avoir des territoires plus accueillants. » Si le monde agricole a une tradition d’accueil comme le rappelle Adda Abdelli, comédien et réalisateur de la série Vestiaires, des mesures sont donc encore à mettre en place pour ouvrir ce secteur et le rendre encore plus inclusif.

Organisées par Didier Moguelet, chef de file CFTC en charge du Handicap et vice-président de l’Agefiph, et coanimées par Tatiana Ayme, présidente de l’association Prism’Autisme, ces deux tables rondes ont également permis d’offrir une belle continuité et visibilité au colloque CFTC « Agriculture, Handicap et Autisme » de novembre dernier à Moirans (Chambre d’agriculture de l’Isère) en invitant plusieurs acteurs locaux comme l’Association Binettes et Compagnie. 

La seconde édition se déroulera le vendredi 14 novembre cette fois-ci à Grenoble.